MBA 2ème année Musique
olivier-lefebvre

Olivier Lefebvre

Head of Music & Sound
TBWA\Else

La carrière d’Olivier Lefebvre débute avec des postes de chef de projet au sein de labels comme Polygram, Polydor, Motown ou encore A&M. Il devient ensuite directeur artistique aux éditions chez Universal et travaille pendant 10 ans à développer des artistes comme Bénabar, Renan Luce, Coeur de Pirate, ou encore Disiz la peste. Il est aujourd’hui Head of Music & Sound chez TBWA/ELSE où il travaille avec de grandes marques.

Il intervient à l’EMIC pour donner des masterclass exclusives.

Bonjour Olivier, quel est votre parcours ?

J’ai commencé par étudier l’économie à PARIS 1 jusqu’à un DEA d’économie industrielle, tout en organisant des concerts, gérer des studios d’enregistrement, jouant dans des groupes, écrivant des chansons… Le fait de manager un groupe, de s’auto-produire et de s’auto-promouvoir te fait découvrir toutes les problématiques du développement d’un projet musical.

Parallèlement, je suis entré en stage chez Média 7, un distributeur. Puis j’ai été assistant chez Barclay (PolyGram), où j’ai découvert le marketing local et international, tout en gardant un pied dans un petit studio. J’ai ensuite été nommé Chef de Projet chez Polydor, participé à la sortie de dizaines d’albums, dont Boys II Men, Boyzone… Moi qui n’avais pas la TV et qui n’avais jamais écouté NRJ, j’ai découvert la culture mainstream. J’ai compris ce que c’était qu’un tube. Je me aussi plongé dans l’historique du catalogue Motown ou j’ai participé à des opérations de back catalogue.

Fort de cette expérience du marché, je suis revenu à la source: la création. Je suis devenu Directeur Artistique chez Universal Music Publishing ou j’ai pu découvrir et signer des talents aussi divers que Modjo, Soko, Cœur de Pirate, Bénabar, Disiz La Peste, Renan Luce. … C’est là où j’ai découvert le songplugging (Pop Star, Starac …) et la « music supervision » (La Beuze, Le Petit Nicolas , des séries TV…)

Au sein du label Mercury, on m’a confié la marque Casablanca Records (rien à voir avec le disco originel). Notre mission consistait à signer des artistes « from scratch », ne pas attendre le buzz, et ne pas courir après les artistes ayant déjà du succès… Quelques belles aventures artistiques (Lescop, Puggy, Cascadeur…)

Je suis maintenant chez TBWA\ELSE, où je suis en charge du département Son & Musique. ELSE est la filiale de production audiovisuelle du groupe de com TBWA qui regroupe plusieurs agences.

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste votre métier ?

Notre département conseille, négocie, pilote et accompagne la création de tous les contenus sonores du Groupe TBWA. Cela va de gros films pub (TV NISSAN, SNCF, GMF, Mc DONALD’S, DIOR , CHLOE…), jusqu’aux contenus vidéo pour des applis mobiles, en passant par des spots radio. Le groupe TBWA rassemblent plusieurs agences, qui vont de la pub classique au corporate, en passant par le design. Bosser pour toutes ces agences et leurs différentes problématiques est à la fois « sportif » et passionnant.
Nous travaillons sur les briefs des équipes créatives, de la production jusqu’à la présentation client et la livraison aux chaînes TV.

On travaille en direct avec des artistes, des majors compagnies, des catalogues de librairies. Nous pilotons des compositions, négocions des synchros, réalisons des mixes, du sound design, etc.
Ce qui est passionnant, c’est de travailler ponctuellement avec des artistes confirmés et des newcomers, locaux et internationaux. Nous travaillons également avec de grands orchestres comme le London Symphonique Orchestra, passons de Abbey Road à la cave d’un jeune artiste en devenir. il nous arrive de croiser le manager des Pink Floyd au détour d’une négociation, de passer une journée en studio a improviser avec Mika, de rentrer dans le multi-pistes d’une session de Gainsbourg pour en faire un remix, et de faire cadrer le projet avec la vision d’un réalisateur de film.

L’aspect gestion est très intéressant aussi : on est éditeur, co-éditeur et producteur des musiques qu’on crée, et le travail de tracking des droits à travers la planète est un sacré challenge.

Quels sont les qualités humaines et professionnelles requises pour faire ce métier et/ou constituer votre équipe ?

Mon équipe est divisée en plusieurs types de postes: les directeurs artistiques qui cherchent et montent les musiques sur les moods et films, les réalisateurs qui suivent les projets, enregistrent les Voix Off, pilotent les compositions, jusqu’à la livraison antennes; les juristes qui établissent les contrats et négocient (synchro , compos), la coordination, l’entretien des studios; les ingénieurs du son qui mixent, éditent et font du sound-design. La gestion des budgets est une autre dimension cruciale.

Je dirais que nous avons besoin de personnes qui ont une vraie culture et curiosité musicales, de la flexibilité et de la ténacité. La flexibilité, parce qu’on est au service de la création, des réalisateurs et des clients. De la ténacité car selon notre adage: « en musique à l’image, il y a autant d’avis que de « trous du culs ». Sur les gros films publicitaires, il y a beaucoup de gens autour de la table, alors qu’en long métrage on a principalement le réalisateur, puis le producteur.

Cette interview a été réalisée en 2017