Bonjour Alexandra, quel est votre parcours ?
Mon parcours dans la musique a commencé de façon un peu accidentelle. Alors que j’étais étudiante en sciences politiques, et bien que passionnée de musique, une rencontre m’a convaincue d’effectuer un stage dans le département de production de musique de film de Studio Canal. Après deux refus j’ai fini par accepter et j’y suis restée quatre ans. Le stage devenant un poste à mi-temps, puis un temps plein.
Un de mes interlocuteurs à cette époque était Pascal Bittard, qui dirigeait les labels distribués chez Sony Music. Lorsqu’il a pris le poste de Directeur Marketing chez V2, il m’a proposé de le suivre en tant que Chef de projet sur les musiques électroniques. L’aventure V2 a duré 7 ans et c’est le poste de Responsable International que m’a confié Alain Artaud qui a été déterminant pour moi. C’est à ce poste que j’ai découvert un marché international de la musique, avec ses règles et ses enjeux. J’ai ainsi commencé à construire mon réseau hors France. Cette ouverture conditionne aujourd’hui toutes mes décisions.
En 2007, je n’ai pas suivi l’intégration de V2 chez Universal et j’ai repris mes études, un cursus Master 2 de Stratégies des marques au CELSA avec une idée en tête: la collaboration des marques avec l’univers de la musique.
Après un rapide passage au planning stratégique d’une agence de publicité (recrutée par une de mes professeurs du CELSA), j’ai rejoint en 2009 mes futurs associés pour créer Savoir Faire, la société que je dirige aujourd’hui avec Emmanuel Barron.
Quelle est votre fonction actuelle ? Pouvez-vous décrire vos principales responsabilités ?
Je suis dirigeante d’entreprise donc pour plus de 50% de mon temps cela signifie le management des équipes, de la société Savoir Faire et du développement de nos nouvelles activités. Ce n’est pas forcément un rôle auquel je me destinais mais je ne me doutais pas du plaisir et de la fierté que j’aurais à l’occuper.
Le reste de mon temps je le passe plus proche des artistes et des projets dont nous nous occupons du côté du management, des éditions ou du label.
Savoir Faire est centrée sur une vision 360° (booking, production, publishing, brand partnership etc). En quoi cette démarche est en phase avec l’évolution du business de la musique ?
Nous avons depuis 2 ans recentré notre activité autour du management, des éditions et du brand partnership pour les 30 artistes que nous représentons. Nous avons cédé à la tentation d’une nouvelle aventure de production avec le label Animal 63 que nous venons de lancer avec Believe.
Le booking et la production de spectacles sont désormais externalisés afin de nous permettre des choix plus spécifiques pour chaque artiste et sur chaque territoire. Nous agissons donc désormais sur ce secteur principalement de façon stratégique et en tant que chef d’orchestre de nos partenaires.
Je ne sais pas si la particularité de Savoir Faire, ou si ce qui nous met en phase avec l’évolution du business de la musique, est notre vision à 360. Il me parait impensable aujourd’hui, à n’importe quel poste et dans n’importe quelle structure, de ne pas avoir une vision d’ensemble afin de développer un projet.
Je dirais plutôt que nous sommes une société de management au service des artistes qui rassemble une expertise 360° pour porter leurs projets. C’est ce qui nous permet un questionnement permanent sur l’industrie, ses acteurs et ses modèles et donc de rester en phase avec l’évolution du business de la musique.
Quels sont les 3 conseils que vous pouvez donner aux étudiants qui souhaitent travailler dans le domaine des industries musicales ?
Ça tombe bien je n’en ai que 3 :
- Avoir une vision d’ensemble sur les métiers, surtout quand vous n’intervenez que sur un secteur
- Regardez / analysez ce qui se passe à l’étranger. Les pays anglo-saxons ont quelques années d’avance sur ce qui nous arrive donc cela permet d’anticiper ses choix de façon pertinente
- N’attendez pas les postes, créez votre structure !
Cette interview a été réalisée en 2017