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place des femmes dans l audiovisuel

La place des femmes dans l'Audiovisuel et le Cinéma

Le 8 mars, la Journée internationale des droits des femmes est célébrée dans le monde entier. C’est aussi l’occasion de sensibiliser le public aux progrès accomplis vers les objectifs d’égalité femmes-hommes et au travail qui reste à faire. Depuis la naissance du Mouvement #MeToo en 2017, la parole des femmes s’est libérée. Des collectifs et associations ont été créés. Des chartes pour l’inclusion ont été signées. Et la place des femmes dans l’industrie de l’audiovisuel et du cinéma s’est progressivement développée.

L’industrie de l’audiovisuel et du cinéma se féminise

Les femmes continuent de se faire une place dans l’ensemble des secteurs audiovisuels et cinématographiques, avec des effectifs et des projets en hausse. 

Dans le cadre du Festival Sœurs Jumelles de Rochefort en 2022, le CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée) a présenté les chiffres sur la place des femmes dans la réalisation de films cinématographiques et dans la réalisation et l’écriture d’œuvres audiovisuelles. Cette étude montre que deux secteurs atteignent la parité en 2021 : la distribution cinématographique (50,4 % de femmes) et la projection de films cinématographiques (49,4 %). C’est dans les entreprises de production institutionnelle et publicitaires (38,8 %) et de postproduction (31,7 %) que la part des femmes reste en revanche la plus faible.

Source : CNC – Audiens

La part de films réalisés par des femmes demeure minoritaire, mais est à son plus haut niveau

En 2021, 265 films d’initiative française ont été agréés par le CNC. Parmi eux, 81 ont été réalisés ou coréalisés par des femmes, soit le plus haut niveau jamais atteint, avec 31 % de l’ensemble des films réalisés. Cette part est en hausse continue depuis 2002 (+12 points), mais reste toujours largement minoritaire.

Source : CNC 

La part de films strictement réalisés par des femmes s’inscrit quant à elle dans une évolution au long cours. Si elle se stabilise en 2021 à 26 %, il faut rappeler qu’au début des années 1980, les films réalisés par des femmes représentaient moins de 10 % de l’ensemble des films d’initiative française agréés. 

L’année 1993 s’inscrit comme un tournant dans cette évolution, marquée par Jane Campion, la première femme à obtenir une Palme d’Or au Festival de Cannes pour son film La leçon de piano. 20 % de films avaient alors strictement été réalisés par des femmes cette année-là, contre 9 % l’année précédente. En 74 éditions du Festival de Cannes, seules deux femmes ont d’ailleurs reçu la Palme d’or. Il faut ensuite attendre 28 ans pour que Julia Ducournau soit récompensée pour son film Titane en 2021 et obtienne à nouveau cette distinction.

Jane Campion à gauche et Julia Ducournau à droite © ABACA

Tous genres confondus, le documentaire est d’ailleurs le seul à tendre vers la parité, avec 48 % de documentaires réalisés ou coréalisés par des femmes. Dans le cadre de premiers films documentaires, l’écrasante majorité (86 %) est ainsi réalisée ou coréalisée par des femmes en 2021. La part de films de fiction réalisés ou coréalisés par des femmes est nettement inférieure, même si elle progresse sensiblement entre 2002 (16 %) et 2021 (28 %).

Toutefois, une nouvelle génération de réalisateurs de longs métrages paritaire est en train d’émerger. Pour la première fois, plus de la moitié des premiers films d’initiative française (55 %) sont réalisés ou coréalisés par des femmes en 2021. 

Une présence minoritaire des femmes dans la réalisation des oeuvres audiovisuelles et la musique à l’image

En 2022, le CNC a publié pour la première fois une analyse de la place des femmes au sein de la réalisation et de l’écriture des œuvres audiovisuelles de fiction, de documentaire et d’animation aidées par le CNC, entre 2016 et 2020.

Sur les cinq années étudiées, la présence des femmes dans la réalisation des œuvres audiovisuelles aidées par le CNC varie selon le type d’œuvres. Elle est là-aussi la plus importante pour le genre documentaire, pour lequel 25 % des heures ont été strictement réalisées par des femmes sur la période, contre 12% des heures de fiction et 8% des heures d’animation.

Les équipes d’écriture sont également plus mixtes, avec notamment 50 % de l’ensemble des heures coécrites par des femmes et des hommes en fiction et 80% en animation.

Côté musique à l’image, les hommes prédominent largement parmi les compositeurs de musiques de films. Entre 2012 et 2021, la musique originale de seulement 37 projets soutenus à l’aide à la création de musiques originales du CNC était strictement composée par des femmes, ce qui ne représente que 7% des projets aidés.

Une rémunération et des financements plus faibles pour les femmes

Moins de postes à haute responsabilité 

Une enquête a été réalisée par Audiens sur 290.000 salariées des médias et secteurs assimilés entre 2010 et 2021. Cela inclut les métiers de la production audiovisuelle, cinématographique et de films d’animation, postproduction, télédiffusion, radiodiffusion et presse. De cette enquête ressort que les femmes sont moins bien payées, plus précaires et minoritaires dans les postes à haute responsabilité. 

Dans la production audiovisuelle, les femmes sont moins bien représentées dans les métiers techniques ou à forte responsabilité dans la production audiovisuelle. Elles représentent 26% des techniciens, 29% des ingénieurs et cadres techniques et 25% des chefs d’entreprises. 

Selon l’étude du CNC parue en 2022 sur l’emploi des femmes dans la production de films de fiction, sept professions sont occupées en grande majorité par des femmes : les scriptes (97 % de femmes) et assistants scriptes (83 %), les costumiers/habilleurs (90 %), les métiers du casting et du repérage (75 %), les métiers de la comptabilité, du juridique et de la communication (71 %), les coiffeurs / maquilleurs (70 %), ainsi que les assistants de production (67%). 

Des salaires moyens inférieurs 

Dans la plupart des métiers étudiés, des écarts de rémunération persistent. En 2020, les salaires horaires moyens des femmes dans la production cinématographique sont ainsi inférieurs à ceux des hommes.

Pour quatre professions, l’écart est particulièrement marqué : les conseillers techniques (-47 % par rapport aux hommes), les métiers de la prise de son (-30 %), de la prise de vue (-27 %) et les administrateurs et chargés de production (-26 %). Ces écarts peuvent s’expliquer par des  facteurs comme le statut hiérarchique occupé par les femmes et les hommes ou le plus jeune âge des femmes salariées sur ces professions. 

Il faut toutefois noter des écarts de salaires limités (inférieurs à 10 %) sur la majorité des métiers et des salaires horaires moyens plus élevés pour les métiers d’assistant de production, réalisateur et développement / écriture. 

Source : CNC – Audiens

Les femmes ont tendance à produire des œuvres à plus petit budget 

Selon l’étude du CNC consacrée aux films d’initiative française réalisés par des femmes en 2021, les écarts de devis demeurent importants. Un film réalisé par une femme coûte en moyenne 2,57 M€, soit 48 % de moins qu’un film réalisé par un homme 4,96 M€. Cet écart s’explique notamment par l’absence de femmes à la réalisation des productions aux budgets les plus élevés. En effet, aucun film de plus de 10 M€ n’a été réalisé par une femme en 2021, alors que 19 ont été réalisés par des hommes.

Même si l’écart est moins prononcé, le même constat peut être fait dans l’audiovisuel grâce à l’étude du CNC portant sur la place des femmes au sein de la réalisation et de l’écriture des œuvres audiovisuelles qui ont été aidées entre 2016 et 2020. Quel que soit le genre, le coût horaire moyen des œuvres strictement réalisées par des femmes est ainsi inférieur à celui des œuvres strictement réalisées par des hommes.

À titre d’exemple, une heure de fiction (hors feuilletons) strictement réalisée par une femme coûte en moyenne 1,14 M€, soit 2,4 % de moins qu’une heure réalisée par un homme. L’écart s’accroît en animation (705,4 K€, soit – 5,6 %) et pour les documentaires (171,1 K€, soit -7,8 %). Dans la musique à l’image, le coût moyen de fabrication des musiques originales strictement composées par des femmes est de 38,7 K€, soit 3,3 % de moins que pour celles composées par des hommes.

Placer les femmes au cœur de la création

Les engagements du CNC

La mission du CNC est de financer les créateurs d’aujourd’hui et de demain, de réguler les marchés du cinéma et de l’audiovisuel, et de veiller à la santé de l’industrie du cinéma et de l’audiovisuel. Dans le cadre de sa politique RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises), le CNC a obtenu le double label Égalité professionnelle et Diversité pour sa mobilisation en faveur de l’égalité professionnelle et de la lutte contre toutes les formes de discriminations. 

Très attentif à la parité et à l’égalité professionnelle femmes-hommes, le CNC compte plus de 60 % de femmes parmi ses agents, qui sont majoritaires à presque tous les échelons hiérarchiques. Le CNC a également pris des mesures très concrètes ces dernières années pour faire évoluer les pratiques et renforcer son engagement pour la parité.

En 2019, il a notamment créé un bonus de 15% pour les films dont les équipes de production comptent au moins autant de femmes que d’hommes aux principaux postes d’encadrement (réalisateur, directeur photo, chef opérateur…). Un effet levier considérable puisqu’en 2020, 34% des films ont obtenu le bonus alors qu’ils n’auraient été que 15% à être éligibles en 2018, avant la création du dispositif.

Grâce à la mise en place en 2014 d’un observatoire de la parité femmes-hommes dans le cinéma et l’audiovisuel, l’organisme professionnel s’engage également à produire des données genrées afin de disposer d’une connaissance fine du secteur et comprendre ses enjeux. Il publie ainsi régulièrement des études et synthèses sur la parité dans les secteurs cinématographiques et audiovisuels et produit des statistiques sur l’emploi, les salaires et les aides attribuées aux femmes.

Une charte en faveur de la parité femmes-hommes dans les festivals de cinéma

Le Collectif 50/50 œuvre pour la parité dans le cinéma et l’audiovisuel. Il propose une Charte pour la parité et la diversité dans les festivals de cinéma, d’audiovisuel et d’image animée. Le festival de Cannes en a été le premier signataire en 2018. Plus de 150 festivals étaient signataires de la Charte en 2020, dont la moitié en France. Ils s’engagent ainsi à genrer leurs statistiques, à rendre transparente la liste des membres des comités de sélection, à parvenir à la parité dans les instances dirigeantes et à communiquer annuellement les avancées réalisées. 

Suite au succès de la Charte Festivals, le Collectif 50/50 propose également une charte aux entreprises d’édition-distribution de films et d’exploitation cinématographique afin de promouvoir la parité et la diversité dans la diffusion cinématographique. Pour favoriser la diversité à tous les stades de la production cinématographique et audiovisuelle, une Charte pour l’inclusion dans le cinéma et l’audiovisuel a aussi été proposée aux associations et syndicats de directeurs de casting, réalisateurs, agents d’artistes, scénaristes et producteurs. 

« Je pense qu’il y a quand même eu des progrès dans beaucoup de festivals. Les choses commencent à bouger, mais nous ne pouvons rien lâcher. » témoigne Clémentine Charlemaine, coprésidente du Collectif 50/50. Elle dénonce néanmoins « un pas en arrière » de la parité dans le cinéma cette année. Les femmes sont en effet les grandes absentes des nominations aux Césars 2023 dans la catégorie Réalisation. Elles représentaient pourtant 14% des nominations dans la catégorie Réalisation en 2021 et 43% en 2022…

La sensibilisation à la RSE à l’EMIC

Audrey Darmon, directrice des projets RSE du groupe Vivendi intervient à l’EMIC sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises et son cadre règlementaire. Au sein de la formation MBA Manager des Industries Audiovisuelles les étudiants sont sensibilisés aux problématiques RSE et à l’égalité femmes-hommes au travers de présentations d’initiatives concrètes et la mise en place de cas pratiques pour imaginer des produits ou services qui encouragent un changement positif.

L’EMIC souhaite ainsi apporter aux étudiants un éclairage sur les enjeux environnementaux, sociétaux, économiques et éthiques des secteurs de l’audiovisuel et du cinéma et les sensibiliser aux problématiques de société auxquelles ils sont déjà confrontés en entreprise.

© EMIC Paris – Emilie Bardalou – 8 mars 2023