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Chronologie des médias : Disney+ rebondit et bouscule Netflix, Canal+ en alerte

Le paysage audiovisuel français est en pleine mutation. Le 29 janvier 2025, Disney+ a signé un accord historique avec les organisations du cinéma français, lui permettant de diffuser ses films seulement neuf mois après leur sortie en salles, contre 17 mois auparavant. Ce bouleversement place Disney+ en position de force face à ses concurrents, notamment Netflix et Amazon Prime Video.

Quelles sont les conséquences de cette nouvelle chronologie des médias pour les plateformes de streaming, les spectateurs et les acteurs traditionnels du secteur ?

La chronologie des médias : un modèle français unique

La chronologie des médias est un système de réglementation propre à la France. Il définit les délais entre la sortie en salles d'un film et sa diffusion sur les différents supports (DVD, télévision, SVOD). Son objectif : protéger l'industrie cinématographique et garantir un financement stable des productions nationales.

Historique et évolutions

Adoptée en 1983, la chronologie des médias a connu plusieurs révisions, la plus récente datant de 2022. Elle instaurait alors les délais suivants après la sortie d'une oeuvre :

  • 4 mois : vente et location (DVD, Blu-ray, VOD)
  • 6 mois : Canal+
  • 15 mois : Netflix
  • 17 mois : Disney+, Prime Video, Max
  • 22 mois : télévisions gratuites (TF1, France Télévisions, M6)

Avec l'accord de janvier 2025, Disney+ réduit son attente à 9 mois, une victoire qui pourrait inciter Netflix et Prime Video à renégocier leurs propres fenêtres d'exploitation.

Quelle est la nature du nouvel accord passé par Disney+ ?

Disney+ sort grand gagnant de cet accord. En accédant plus rapidement à ses propres films (Marvel, Star Wars, Pixar), la plateforme renforce son attractivité et se positionne comme un concurrent plus sérieux face à Netflix.

En contrepartie, Disney+ s’engage sur trois ans à investir 25 % de son chiffre d’affaires net annuel en France et en Europe dans la production de films et s’engage à financer au moins 70 films en trois ans.

L'accord prévoit une répartition progressive de cet investissement entre le cinéma et l'audiovisuel :

  • 50/50 la première année,
  • 56/44 en faveur du cinéma à la fin de l'accord.

En termes financiers, cela représente 45 millions d’euros par an en moyenne pour le cinéma, soit un minimum garanti de 115M€ sur trois ans pour le cinéma et 90M€ pour l’audiovisuel. (Source : Les Echos)

Un renforcement du cinéma français

En plus de son engagement à financer 70 films en trois ans, Disney+ a signé un accord spécifique avec la filière audiovisuelle française. Cet accord prévoit que 100 % des obligations d’investissement de Disney+ seront allouées à des œuvres patrimoniales (c'est à dire des fictions, animations, ou encore documentaires de création), avec une répartition stricte :

source : Ecran Total

La firme a donc des obligations sont plus élevées que celles de Netflix et Amazon Prime Video, concernant l’animation, avec 12% contre 5%. Cette nouvelle donne pourrait favoriser la diversité du cinéma français et offrir plus d’opportunités aux créateurs indépendants.

Le Bloc (Bureau de Liaison des Organisations Cinématograpiques,), le Blic (Bureau de Liaison des Industries Cinématographiques) et l'Arp (Société civile des Auteurs-Réalisateurs-Producteurs) commentent : "Nous sommes très heureux que Disney+ rejoigne les opérateurs signataires de la chronologie des médias ayant conclu un accord de financement et de diffusion avec le cinéma, lui permettant ainsi de renforcer son soutien à la création française et européenne, et proposer à ses abonnés des films récents". (Source : Ecran Total)

Quels enjeux pour Netflix, Amazon Prime ou Canal+ ?

Netflix et Prime Video : des négociations inévitables

Netflix, qui doit actuellement attendre 15 mois avant de diffuser un film, pourrait exiger une réduction de ce délai, à condition d’accepter des obligations de financement similaires à celles de Disney+.

Amazon Prime Video et Max, eux, restent à 17 mois, un handicap qui pourrait les pousser à revoir leur stratégie également.

Canal+ : un modèle en danger ?

Historiquement, Canal+ a toujours eu une fenêtre privilégiée de 6 mois en échange de son investissement massif dans le cinéma français (220 millions d’euros par an). Mais avec Disney+ à 9 mois, le modèle économique de Canal+ est remis en cause.

Maxime Saada, président du groupe Canal+, a réagi fermement :

"Si Disney+ peut diffuser ses films à 9 mois pour un investissement de 38 millions d’euros par an, alors nous devons revoir nos obligations."

Canal+ pourrait donc réduire son financement du cinéma français, mettant en péril de nombreuses productions.

Quel impact pour les consommateurs ?

Un accès plus rapide aux films

L'accord Disney+ bénéficie avant tout aux spectateurs, qui pourront voir des films récents plus tôt. Par exemple, Deadpool & Wolverine (sortie en juillet 2024) sera disponible dès avril 2025 sur Disney+, alors qu’il aurait fallu attendre décembre 2025 auparavant.

Un effet anti-piratage

La réduction des délais limite l’attrait du piratage. Attendre trois ans pour voir un film sur Netflix était devenu obsolète. Désormais, les films arrivent plus rapidement légalement, encourageant les abonnements aux plateformes.

Une hausse des abonnements ?

L’obligation d’investir davantage dans le cinéma français pourrait inciter Disney+, Netflix et Amazon à augmenter leurs tarifs. Une tendance déjà observée à l’international.

Se former pour comprendre les enjeux de la chronologie des médias

L'évolution de la chronologie des médias est un sujet incontournable pour les futurs professionnels de l’audiovisuel. L’EMIC propose une formation spécialisée avec son MBA 2e année Production Audiovisuelle, qui aborde ces enjeux dans plusieurs cours, notamment lors des interventions d'Anne Gagnot, Directrice Marketing StudioCanal ou encore de Mathieu Ripka, Délégué général de L'ARP (Société civile des Auteurs-Réalisateurs-Producteurs).

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