Jérôme chung

Entretien avec Jérôme Chung – Co-fondateur d’Under the Milky Way et intervenant à l’EMIC

Jérôme chung

Co-fondateur d’Under the Milky Way, société de services dédiée au marketing et à la distribution digitale de films et programmes audiovisuels, Jerome Chung interviendra dans le Master Audiovisuel qui ouvre ses portes en Octobre 2020.

Jérôme Chung a fait l’essentiel de son parcours dans l’industrie musicale, l’édition, la distribution et la production de programmes audiovisuels à des postes marketing et commercial puis de direction générale. Il a créé Warner Vision France en 1996, premier éditeur vidéo entièrement dédié aux programmes musicaux et hors films en DVD puis a dirigé, de 1999 à 2006, les activités vidéo et musique de StudioCanal.

En 2006, il a collaboré au lancement d’UniversCiné, plateforme de VoD du cinéma indépendant. Il a ensuite rejoint, de 2008 à 2010, le groupe Medici Arts pour développer medici.tv, service de VoD dédié aux programmes de musique classique.

En 2010, il crée Under the Milky Way, une société de services dédiée au marketing et à la distribution digitale de films et programmes audiovisuels.

 

Bonjour Jérôme Chung, quel est votre parcours ?

Mon parcours s’est essentiellement déroulé dans les industries créatives : d’abord la musique, puis le cinéma et l’audiovisuel.

J’ai occupé des postes très opérationnels en tant que chef de produit ou directeur du marketing d’un label d’Universal Music, ou encore en tant que responsable des achats vidéo à la Fnac.

Cette pratique de terrain m’a permis d’assimiler ce qui fait tout le charme et la complexité des industries créatives. D’une part, la nécessité de travailler dans le cadre de modèles économiques parfois contraignants ; de l’autre, l’importance d’assurer une interface avec la création, qui échappe parfois à des logiques de rentabilité à court terme.

J’ai ensuite eu l’opportunité de participer à des projets de développement d’activité (par exemple le développement des activités d’édition DVD chez StudioCanal) ou d’entreprises (les plateformes de VoD UniversCiné ou Medici.tv) dans des environnements en constante mutation. En 2010, j’ai fondé Under the Milky Way, une société de services dédiée au marketing et à la distribution digitale de films et programmes audiovisuels.

Depuis 2008, je partage régulièrement ces expériences lors d’interventions dans des formations comme La Fémis ou le master D2A INA/Sorbonne.

 

Qu’allez-vous enseigner à l’EMIC ?

 

Mon intervention MBA Production TV, Digital & Cinéma a pour objectif d’apporter la vision la plus large possible de la distribution digitale des contenus cinéma et audiovisuels.

Tout d’abord, il est nécessaire de bien comprendre ces nouveaux canaux de distribution en termes de modèles économiques et de pratiques juridiques et commerciales. Celles-ci tendent à être de plus en plus complexes et diversifiés. Ainsi, la compréhension du marché et de la stratégie des acteurs s’en trouve facilitée. Même si les évolutions sont rapides et les positions de chaque acteur sont loin d’être définitivement acquises.

Mon enseignement est donc d’abord pratique. Mais il a également pour objectif de partager des clés de compréhension concernant les changements en cours et les perspectives à moyen-terme.

 

Quels sont pour vous les grands enjeux de la distribution numérique de contenus audiovisuels ?

 

L’émergence de plateformes globales de diffusion de contenus audiovisuels a un impact profond. Non seulement sur leur distribution mais aussi sur la façon dont le public consomme les films. Cette évolution est loin d’être terminée car elle impactera aussi bien la façon dont les œuvres sont produites, que la manière dont elles sont conçues et imaginées par les talents de demain.

Cette dimension globale de l’industrie nécessite une vraie remise en question. Il n’est plus possible de se réfugier derrière cette exception culturelle, qui nous a permis de faire exister une industrie parfois déconnectée du marché et des exigences du public.

La redistribution des cartes est en cours, et au-delà des menaces, les opportunités sont réelles. Pour les saisir, il faut néanmoins savoir appréhender la complexité de ce nouveau paysage.

Comprendre les changements en cours et leur impact sur les modèles économiques ainsi que sur les processus de création, de production et de distribution.

Nous devrons donc relever des challenges divers. Parmi eux : comment faire co-exister l’existence de plateformes de distribution globales et l’émergence de talents locaux et indépendants. Ou encore : comment s’assurer que les contenus produits rencontrent leur public en dehors des canaux traditionnels de distribution (salles, TV, festivals…).

 

Quels conseils pour les étudiants qui veulent travailler dans cette filière ?

 

Je pense que le professionnel de demain doit maitriser tous les aspects de la distribution digitale. Dans son approche économique et marketing.

Mais cette technicité ne suffira pas. Il faudra y ajouter curiosité et humilité tant les évolutions seront toujours plus rapides. Elles nécessiteront de savoir non seulement s’y adapter mais aussi, si possible, de les anticiper.

Enfin, la proximité et la sensibilité aux contenus. C’est-à-dire comprendre comment et par qui ces contenus sont créés, restera selon moi un atout décisif.