Bonjour François, quel est votre parcours ?
J’ai suivi une formation de musicien au conservatoire et à l’American School of Modern Music (trompette). Après une courte carrière en tant que musicien de concert et de studio, j’ai créé en 1993 une activité de conseil en communication corporate auprès de l’industrie du disque (Billboard magazine, Music&Media, IRMA… Ma connaissance des différents acteurs de l’industrie du disque m’ont amené à fonder en 2000 les éditions Vital Song, consacrées au développement d’artistes de pop et de variété francophone (Datafolk, Florent Richard, Eskemo, Jena Lee, Set & Match…)
En 2011 j’ai co-fondé la société 44 ayant pour activité le design du divertissement numérique.
L’édition musicale est un domaine assez méconnu, pouvez-vous nous expliquer brièvement les grands principes?
Le rôle premier qu’assume l’éditeur de musique est celui de représentant des créateurs (auteurs et (ou) compositeurs) et de leurs oeuvres, celui d’un intermédiaire spécialisé entre les créateurs et le marché.
Ce rôle de représentant, il le partage avec les sociétés de gestion collective auprès desquelles il enregistrera les œuvres qu’il édite. Mais, il y a une seconde fonction très importante qu’il assume, qui est celle de promouvoir et de commercialiser les œuvres musicales qu’il édite. Les organismes de gestion collectives, comme la SACEM, assurent le meilleur suivi possible de l’utilisation des œuvres musicales dont les ayants droit ont fait apport de leurs droits de reproduction ou d’exécution, mais elles n’ont pas pour mission de promouvoir la carrière d’un auteur-compositeur ou d’une œuvre. Elles ne font pas de démarchage auprès de nouveaux interprètes, producteurs, agences publicitaires ou tout autre type d’exploitant de musique. Cette fonction essentielle de promotion et de commercialisation des œuvres musicales, c’est l’éditeur qui l’assume.
Pourquoi pensez-vous que l’édition musicale est désormais centrale ?
Parce que l’oeuvre est au coeur de tout les processus créatifs et commerciaux, et d’autant plus depuis l’avènement du numérique. Quand tout est possible et n’importe où, seule l’oeuvre reste le référent. L’oeuvre est l’ADN d’une industrie musicale de plus en plus complexe et technique, qui bien que de plus en plus concentrée en terme de revenus générés, via notamment les algorithmes, crée de plus en plus de cas particuliers que seuls les éditeurs savent gérer.
Vous aimez à dire dans nos réunions pédagogiques que les étudiants d’EMIC sont différents, pourquoi ?
Les retours des étudiants sont très positifs, ils se sentent suivis et épaulés à tel point qu’ils n’hésitent pas à nous demander des conseils et des aides une fois les cours terminés. Ils ont confiance. Ces étudiants sont finalement différents des autres parce qu’ils sont à l’EMIC justement, c’est cela qui fait leur originalité. L’école étant exigeante et très sélective dans ses choix et la pluralité des profils, on est loin des écoles « classiques » dans lesquelles j’enseigne par ailleurs.
Quels sont les 3 conseils pour un étudiant qui veut travailler dans la musique ?
1/ Ecouter de la musique et si possible toutes les musiques jusqu’au bout. Certains d’entre nous, les professionnels, n’en écoutent plus assez.
2/ Constituer son réseau dès les premiers pas en milieu professionnel, donc se concentrer sur le ou les premiers stages, y consacrer le temps et l’engagement qu’il faut.
3/ Eviter d’être dans la projection que l’on se fait de sa place dans la musique. Il faut prendre des risques par rapport à l’image que l’on se fait de soi professionnellement.
Cette interview a été réalisée en 2017