
4 questions à Nicolas Renault, Directeur des labels SMART, LOAD et Distribués – Sony Music France
Nicolas Renault est Directeur des Labels SMART, LOAD et des labels distribués chez Sony Music. Intervenant depuis trois ans dans le MBA Musique d’EMIC il répond à nos questions.
Quel est votre parcours ?
Comme beaucoup d’entre vous qui lirez ces lignes, j’ai eu très tôt l’ambition de vouloir construire ma vie professionnelle autour de ma passion, à savoir la musique. Sauf que personne n’avait encore eu l’idée de créer EMIC dans les années 90… il a donc fallu trouver un autre chemin pour découvrir les métiers de la musique. J’ai donc choisi dans un premier temps la formation généraliste d’une école de commerce (ESC Rennes) et son double cursus : cours magistraux et développement personnel. Dans la pratique, au gré des stages essentiellement, j’ai pu entrer en contact avec des acteurs clés du métier pour commencer mon apprentissage : Fnac, Transmusicales de Rennes et surtout Sony Music. Après plusieurs missions pour Sony Music pendant mes études, j’ai eu la chance d’avoir une proposition d’embauche une fois diplômé de l’ESC Rennes en 1997 au marketing dans un des labels de SONY (Epic records).
J’ai par la suite dirigé le département des Labels Distribués (interface de conseil en trade marketing et distribution, auprès d’un portefeuille de labels indépendants), avant de revenir au marketing dans différents labels de Sony Music.
J’ai ainsi eu cette chance de pouvoir acquérir des compétences doubles et complémentaires dans les secteurs du marketing et du commercial. Et après 20 ans d’expérience en major, j’évolue aujourd’hui au sein du département Business de Sony Music, en charge de la Diversification et des Labels Distribués.
Mon parcours est typique d’une génération, qui s’est souvent construite de manière empirique, car aucune formation spécifique n’existait. Sans la possibilité de faire des stages, je n’aurais pas pu mettre un premier pied en maison de disques.
Votre chance est d’avoir une école comme EMIC qui concentre tous les savoirs nécessaires en un temps réduit, à travers une formation diplômante et plébiscitée par les professionnels.
Quels sont les grands enjeux liés au marketing et au développement d’artiste en label ?
Incontestablement, l’avènement de la dématérialisation des supports et plus globalement du digital a été un bouleversement dans la relation entre un artiste et son label. Certains en ont profité pour remettre en cause le rôle d’un label, jusqu’à en conclure qu’il était désormais facile pour un artiste d’être autonome pour promouvoir, développer, et interagir avec son public. Quelle est justement la valeur ajoutée du département marketing en label ? c’est tout l’effet positif qu’a cette révolution numérique : se remettre en question, s’adapter, et transformer une menace en opportunités.
Ainsi, le principal enjeu marketing à mon sens pour encore mieux servir les intérêts d’un artiste est d’abord de mieux connaître les consommateurs. Et pour y arriver, le digital et la gestion des données offrent des nouveaux moyens qui permettent une meilleure compréhension des usages et des besoins. Tout ceci en toute transparence avec les artistes, ce qui facilite la collaboration et les prises de décision. Grâce à une connaissance accrue des consommateurs, le label peut construire avec eux une relation de plus en plus personnalisée, et ainsi, -à mon avis – plus respectueuse et plus pérenne. La stratégie marketing est affinée, et gagne en pertinence, en réactivité, en créativité, avec des opportunités multiples et qualifiées, que ce soit en digital ou en physique.
Par extension, plus on connaît nos consommateurs et plus on a la possibilité de s’adresser à eux au bon moment, au bon endroit. Encore une fois, la data est un outil indispensable aujourd’hui pour ça et on connaît notamment son rôle de recommandation en streaming. Mais c’est aussi la clé pour développer des opérations avec des partenaires (« endorsement » marque par exemple), ou encore pour diversifier les contenus et les points de contact (développer des gammes de produits dérivés en physique comme en digital).
Bref, le pilotage des données est un atout majeur dans la réflexion stratégique et donc dans la valeur ajoutée d’un label, à condition qu’il soit maitrisé, analysé, et surtout considéré comme un moyen et non une fin. L’enjeu est de savoir récolter puis digérer les données afin de les mettre au profit de l’artiste et de son développement.
Vous enseignez à EMIC, Avez vous constaté des profils particuliers sur les jeunes que vous avez en cours ?
C’est d’abord un plaisir d’échanger avec les étudiants. Ils sont impliqués, et motivés. Ceux qui à mon sens tireront le mieux leur épingle du jeu, seront ceux qui feront preuve de passion et de curiosité. L’enseignement qu’ils reçoivent leur donne en effet des compétences solides, et un esprit cohérent. Mais ce qui fera la différence le moment venu sera la conviction et l’engagement.
Quels sont les 3 conseils que vous pourriez donner à un jeune qui veut travailler dans le secteur ?
Être diplômé d’EMIC me semble être un premier conseil indispensable… je conseillerai ensuite d’être toujours curieux et en veille pour pouvoir se remettre en question et ne jamais rester sur ses acquis. Enfin, faire preuve d’humilité et toujours avoir en tête qu’on est au service des artistes.