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3 QUESTIONS À… MATTHIEU LAURIOT-PREVOST, MANAGER D’ARTISTES

Bonjour Matthieu, quel est votre parcours ?

Mon parcours est un mix d’années passées en majors en France, en Angleterre et aux Etats Unis et d’années d’indépendance à diriger ma propre structure de management.

Les vingt-trois premières années m’ont mené d’un job de chefs de produits junior chez CBS à Paris à la direction du marketing pour le monde chez EMI à Londres en passant, entre autres, par la direction du marketing chez Polydor, la responsabilité de l’international chez Island Def Jam à New York et la direction du marketing pour Warner International. 

Ce rapide CV montre que très vite j’ai vu le monde comme le marché et que ma curiosité intellectuelle et artistique a orienté ma carrière vers l’international. Mon quotidien a été occupé par les voyages, les répertoires de toutes origines, les rencontres d’artistes et d’exécutifs, les challenges de travailler avec différentes cultures et la satisfaction de réussir (ou la frustration de ne pas réussir) des projets à une échelle globale.

Manager indépendant à Londres depuis neuf ans, je continue à regarder le monde comme le potentiel de développement de tous les artistes avec lesquels je travaille. Le métier de manager a drastiquement changé depuis une dizaine d’années, les managers sont maintenant responsables de tous le travail de développement sur toutes les lignes de travail: recording, edition, live, image, etc…Le travail consiste à maximiser les droits que les artistes créent en optimisant l’acquisition des services requis pour atteindre le succès. Certains services sont assurés par le manager, et les autres doivent être acquis contre du cash ou des droits. 

Qu’enseignez-vous à l’EMIC et pour vous quels sont les grands enjeux de la formation dans la filière musicale ?

Mon intervention à l’EMIC couvre deux sujets : le marché anglais et le métier de manager travaillant avec des artistes à potentiel global. La formation des futures générations est absolument essentielle. Pendant les années de crise, l’industrie a non seulement perdu énormément de savoir faire lorsqu’elle a du réduire drastiquement le nombre de ses employés mais elle a aussi perdu tout sens de formation. Ce que j’ai appris durant mes trois premiers mois chez CBS en 1987 me servent encore aujourd’hui.

Rien n’est plus frustrant dans mon métier de manager lorsque je suis en face d’un jeune employé dans un label, chez un éditeur ou un tourneur qui ne connait pas les fondamentaux de son activité, et n’a aucune notion des enjeux artistiques, marketing, légaux ou financiers de son poste. Et parfois même, sur le digital marketing ou l’analyse des data, qui pourtant devrait être leur forte, je suis surpris par leur manque de bases. C’est pour ça que le travail de l’EMIC me semble absolument essentiel. L’EMIC fait le travail que les acteurs de la filière ne font plus.

Quels sont les conseils que vous pouvez donner aux étudiants qui veulent travailler dans les métiers du business de la musique ?

Mon seul conseil aux étudiant est : soyez curieux. Le monde est vaste, les musiques variées, les opportunités multiples. Apprenez constamment, prenez des risques, poser des questions, amusez-vous et n’oubliez jamais que notre métier consiste à vendre de l’émotion. Et enfin le seul vrai secret : travailler plus que les autres.