
3 Questions à Matthias Boudier, Consultant et Professeur en Marketing de l’Innovation
Matthias Boudier, Consultant et Professeur en Marketing de l’Innovation, nous parle de l’évolution des métiers marketing dans le secteur du Jeu Vidéo.
1/ Comment, selon vous, ont évolué les fonctions de marketing produit chez un éditeur de jeux vidéo ces dernières années ?
Que ce soit en marketing produit ou en communication, on observe que les chefs de produit locaux ont moins la main qu’avant sur leurs jeux et leurs campagnes de lancement. En effet, on assiste à une véritable volonté des éditeurs d’optimiser leur budget marketing, ce qui a tendance à uniformiser leurs plans marketing et à centraliser les décisions et les budgets au niveau des sièges mondiaux ou régionaux.
Par exemple, les positionnements produit sont souvent globaux et prennent rarement en considération les différences culturelles et autres spécificités locales.
Ainsi les chefs de produit globaux (‘Global Brand Managers’) ont aujourd’hui plus de pouvoir et de moyens qu’avant et cela au détriment de leur homologues en local.
Cependant les bons chefs de produit locaux qui savent sensibiliser, éduquer et convaincre leur siège peuvent toujours élaborer des stratégies locales pertinentes et proposer des alternatives aux stratégies globales.
Par exemple aujourd’hui, dans la gestion des plans media, la créa et les achats d’espace sont souvent coordonnés en central, là où la gestion des réseaux sociaux reste dans le périmètre local.
2/ Quelles sont les qualités requises aujourd’hui pour être un bon Chef de produits ?
La notion de passion revient souvent dans le jeu vidéo, elle est importante si elle ne rend pas aveugle et sourd car la base du marketing est d’être à l’écoute du marché et de ses joueurs.
En plus d’une bonne culture jeux vidéo, un chef de produit doit être dans l’air du temps. C’est-à-dire qu’il doit suivre et comprendre les usages et les attentes des joueurs ainsi que les nouvelles technologies.
Bien évidemment, le chef de produit doit être un bon communicant aussi bien à l’oral qu’à l’écrit et, en fin pédagogue, il doit toujours s’adapter à son audience. Il est souvent amené à rencontrer des journalistes ou des acheteurs, il doit par conséquent avoir un bon sens du relationnel et savoir convaincre. A mon sens, une bonne maitrise du « story telling » est importante pour captiver et obtenir l’adhésion.
Enfin, si le chef de produit souhaite évoluer dans une grande organisation il faut qu’il soit diplomate, rigoureux et patient.
3/ Quels conseils donneriez-vous à un étudiant qui se destine à une fonction marketing chez un éditeur de jeux vidéo ?
Que ce soit pour cette fonction ou n’importe quelle autre fonction en entreprise, je pense qu’il est indispensable d’aimer ce que l’on fait et donc d’avoir une certaine affinité avec les « produits » que l’on va promouvoir.
Sans forcément être un hardcore gamer passionné, il faut être curieux des tendances de consommation et des nouvelles technologies. Cette ouverture d’esprit doit permettre d’aller au-delà de ses goûts personnels, d’aller à la rencontre des gens, de les écouter afin de comprendre leurs attentes et comment ils consomment les jeux et les media.
En résumé, la qualité d’un étudiant dépendra plus du nombre de personnes de l’industrie qu’il aura rencontrées que du nombre de livres de marketing qu’il aura lus.